Jean Louis Bianco : «Royal n’a pas de divergence avec le PS mais elle va un cran plus loin»

Publié le par desirsdavenir66

Source Libération: Interview de Jean Louis Bianco

La candidate à la primaire veut inscrire la règle d’or dans la Constitution en 2012, si elle est élue. Jean-Louis Bianco, un proche, estime qu’«à l’heure où d’autres pays en Europe en parlent, ce serait une erreur de dire « nous jamais »».

Recueilli par LAURE EQUY


«Règle d’or, règle dure», «règle de plomb», «règle d’airain». Pendant l’été, la gauche a convoqué tous les métaux pour dire qu’elle ne tomberait pas dans le «piège» tendu par Nicolas Sarkozy. Le gouvernement a besoin du PS pour réunir les trois cinquièmes du congrès – députés et sénateurs – afin d’inscrire dans la Constitution ce principe de retour à l’équilibre budgétaire à partir de 2013. En cas de blocage, la droite aurait beau jeu de faire porter le chapeau à l’opposition.

 

Opposés à la règle d’or façon Sarkozy, François Hollande et Ségolène Royal ont toutefois apporté des nuances, ce week-end. Le premier a répété sa suggestion d’une «loi de programmation» sur la réduction des déficits après la présidentielle. La seconde est allée plus loin, en qualifiant la règle d’or de «très bonne règle» et en proposant de la faire voter «en début de mandat».


 

Le député Jean-Louis Bianco, proche de la candidate à la primaire, estime que celle-ci «veut envoyer un signal fort pour qu’on ne puisse pas taxer les socialistes d’irresponsabilité».


On croyait le PS unanime contre la règle d’or proposée par Nicolas Sarkozy mais ce week-end, Ségolène Royal s’est démarquée en annonçant qu’elle l’inscrirait dans la Constitution en 2012, si elle était élue. Le front uni se fissure un peu, non?

Le PS et Ségolène Royal s’opposent au fait de l’inscrire dès maintenant dans la Constitution pour une application en 2013, et ce alors que la politique économique et fiscale menée pendant ce quinquennat a fait porter l’effort sur les couches moyennes et populaires. En même temps, Ségolène Royal sait très bien que les Françaises et les Français s’inquiètent de la situation de la dette et des déficits. Et à l’heure où d’autres pays en Europe parlent aussi de la règle d’or, ce serait une erreur de dire «nous jamais». Elle n’a pas de divergence avec le PS mais, comme souvent, elle va un cran plus loin.

 

Mais quelle différence faites-vous entre voter la règle d’or dès 2011 et l’adopter après la présidentielle?

Ce ne serait pas moral de voter la règle d’or après cinq ans de gaspillage au profit des plus riches, avec par exemple un allègement de l’impôt sur la fortune malgré la suppression du bouclier fiscal. Il est hors de question de cautionner cette politique scandaleuse. Mais Ségolène Royal veut envoyer un signal fort pour qu’on ne puisse pas taxer les socialistes d’irresponsabilité. Rigueur et sérieux, mais à condition de conduire une autre politique avec une fiscalité plus juste: en diminuant l’impôt sur les sociétés qui investissent, en l’augmentant sur les plus-values et les profits distribués, en instaurant une fiscalité vraiment progressive avec la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu.

 

Se soumettre à une règle d’or en début de mandat, n’est-ce pas se lier les mains?

C’est une question de confiance. Dire oui au principe de la règle d’or crée de la confiance et la confiance est un vecteur de croissance. Par ailleurs, nous avons déjà des engagements pour réduire les déficits puisque le projet du PS prévoit d’y affecter la moitié des marges de manœuvre dégagées par la suppression des niches fiscales, la croissance verte comme l’appelle Ségolène Royal, et la lutte contre la fraude fiscale, sur laquelle elle insiste beaucoup.

 

François Hollande propose, lui, une «loi de programmation» sur la réduction des déficits après la présidentielle. Est-ce différent de la règle d’or que veut Royal?

La loi de programmation contraint beaucoup plus dans le détail. On tracerait alors un chemin extrêmement précis pour chacune des cinq années à venir, alors que la règle d’or inscrit surtout un principe, une trajectoire pour aboutir à l’équilibre à la fin du quinquennat.

 

 

segoleneroyal2012

 

 

Publié dans soutiens

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